L’Italie baroque, berceau du concerto

C’est dans l’Italie baroque du début du XVIIe siècle que naît le Stile Concertato (style concertant), et plus précisément à Venise, autour des grands maîtres qui ont œuvré à la basilique Saint-Marc, comme les Gabrieli. La particularité architecturale de cette basilique (avec ses deux galeries se faisant face de part et d’autre de la nef centrale) permettait à différents groupes de chanteurs et d’instrumentistes de partager leurs interventions, d’alterner les parties musicales, de dialoguer véritablement, de converser… Depuis Venise, ce style concertant devint à la mode dans toute l’Italie du Nord, puis en Autriche et en Allemagne du sud, avant de se répandre grâce à la mobilité des musiciens dans toute l’Italie et bientôt dans l’Europe entière. Le Stile Concertato concerne la musique instrumentale autant que la musique vocale ; sous forme de dialogue, d’imitations, d’alternance entre les voix, on le trouve dans tous les genres musicaux de l’époque baroque, qu’il s’agisse de l’opéra ou de la sonate, ainsi que dans les musiques d’église (messe et motet). Vers la fin du XVIIe siècle, se cristallise même un genre nouveau autour de cette forme d’écriture : le Concerto.

 

Dans le Concerto deux effectifs instrumentaux sont en présence : l’ensemble orchestral (tutti ou ripieno ou encore concerto grosso) et un ou plusieurs solistes (solo ou concertino). Le ou les instruments solistes concertants sont des virtuoses et tiennent la partie la plus mise en avant, tandis que l’ensemble instrumental tient un rôle d’accompagnement. Du point de vue formel, le concerto est une alternance de tutti et de soli. Le plus souvent les tutti ont une fonction de refrain (nommé ritornello), les soli formant alors de véritables couplets à chaque fois variés. Les matériaux musicaux imaginés par les compositeurs (intervalles, motifs, mélodies, rythmes caractéristiques…) circulent entre les tutti et les soli formant ainsi à proprement parle le style concertant.

 

A l’époque baroque, le genre du concerto permet de révéler les qualités intrinsèques à chaque instrument tout en expérimentant l’art de la combinaison des timbres. Au début du XVIIIe siècle, Antonio Vivaldi propulse le Concerto de soliste comme le principal genre de la musique instrumentale. La rhétorique soli / tutti entretient désormais des relations poreuses et même contagieuses avec l’écriture vocale en vigueur sur les scènes d’opéra.